Friday, November 9, 2012

20

20 years ago to date, my brother, my mom and I had to leave our family and our country. Sarajevo was under siege, UN peacekeepers (UNPROFOR) had to escort us to the airport in one of those armored vehicles. I remember the French soldiers giving us cans of Pepsi and candies, speaking a language that I wouldn't have thought speaking one day. Big military troops transporter plane, fear of being shot down as soon as the plane took off, fuel stop in Croatia, late landing and a one night stay in Paris. Off to Marseille the next day for a few months and Albertville later for what would become our journey in France.
2 days before we were extradited, my grand father passed away. He was a hard working man, didn't speak much nor showed his emotions but cared deeply about his family. Being the first grandchild, I got to spend quite some time with him and my grandmother, who practically raised me. I remember family vacations in the summer, handcrafted toys and sled for the winter, parties of pétanque, ice creams or roasted chestnuts we'd enjoy together. He never raised his voice, was fair and strict at times and always there for us. He'd fancy a drink every now and then, after all he was a Slav. The man was respected and will always be missed...
20 years later, I am a father and will hopefully become a grandfather one day. I certainly will try to live up to mine and be a role model for my grandkids too.


20 ans plus tôt, jour pour jour, ma mère, mon frère et moi quittions notre famille et notre pays, une valise à la main. Sarajevo assiégée, les fameux "casques bleus" français nous ont escortés jusqu'à l'aéroport dans les véhicules blindés. On a été super bien accueillis, les soldats français nous avaient donné des canettes de Pepsi et des bonbons, c'était Noël en avance! Evidemment, on communiquait avec les moyens du bord, mais je ne pensais pas que je parlerai français un jour. On nous embarque dans l'avion qui servait à transporter les troupes, grosse peur au décollage évidemment, l'artillerie serbe pouvant à tout moment ouvrir le feu. On fait un détour en Croatie pour finir à Paris. Le lendemain, direction Marseille puis Albertville, le début de notre vie en France.
Deux jours avant notre départ forcé, mon grand-père nous quitte. C'était un de ces hommes à l'ancienne, pas très bavard mais quand il parlait, on l'écoutait. Etant le premier petit enfant de la famille, j'ai eu le bonheur de passer beaucoup de temps avec lui et ma grand-mère. Ils m'ont pratiquement élevé à eux deux. Je me souviens de nos vacances familiales à la mer, les jouets et luges faits main (il était menuisier), parties de pétanque, les glaces et marrons grillés au retour des promenades. Il n'a jamais élevé sa voix et s'est toujours assuré qu'on manque de rien. Il aimait boire une bière en rentrant du boulot, le sport et plus particulièrement le foot, ça a forcément déteint sur moi.
Vingt ans plus tard, il me manque toujours même si je sais pertinemment qu'on doit tous partir un jour ou l'autre... Vingt ans plus tard, je suis moi même un père et j'espère devenir grand-père un jour. Ce qui est sûr, c'est que j'essayerai d'être à la hauteur, comme il l'a été pour moi et le reste de la famille.

5 comments:

  1. Très émouvant. Nul doute que tu seras un bon père et le jour venu un bon grand-père également, qui transmettra l'histoire familiale aux plus jeunes !

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    1. Merci beaucoup! Il est important de savoir d'où on vient :), on a souvent tendance à oublier.

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  2. Oui, fort émouvant ... Je connais depuis peu une personne qui a vécu à peu près la même chose à la même période, et en parler avec lui m'a fait prendre conscience que nous autres Européens "de l'Ouest" avons très peu pris conscience de ce qui s'est passé en ex-Yougoslavie à cette période. Des milliers de gens ont perdu leur maison, leurs biens (même modestes), ont été déracinés, tout cela au nom de questions de religion ... Aujourd'hui, la Yougoslavie est morcelée en plusieurs petits états, mais rien n'est résolu sur le fond, la haine entre les communautés est toujours là, la reconstruction s'est faite de manière anarchique et inégale, et une génération a été sacrifiée. Peut-être ton grand-père a-t-il eu le présentiment que tout cela allait arriver ... Mais même s'il te manque, il est toujours là dans ton coeur et c'est cela qui compte.
    C.

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    1. Merci du mot, le constat est malheureusement très juste. Effectivement, la notion d'Etat-nation (comme la plupart des pays européens) ne s'appliquant pas à la Yougoslavie, les gens avaient du mal à comprendre pourquoi la guerre a éclaté. Je pense que plus d'une génération va souffrir de cette énième guerre.
      En ce qui concerne la Bosnie en tout cas, je crains qu'entre les nationalistes de tout bord et l'économie toujours au point mort, je crains le pire.

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    2. Oui, c'est tout à fait ça : vu de la France, pays unifié depuis des siècles, nous ne pouvions pas comprendre le concept même de guerre civile ... Ce n'est que très récemment que je me suis intéressée au sujet, le déclencheur étant la rencontre avec le nouveau chéri de ma meilleure amie, qui est originaire de Mostar. Grâce à lui, je mesure mieux ce que veut dire déracinement.
      Et concernant l'avenir, oui, tu as raison, l'économie, c'est la clé de tout ! Si on ne fait rien pour favoriser le développement économique, on favorise le développement des extrêmismes et des idées nauséabondes.

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